Honneur aux Harkis : Le Prix Clara Lanzi 2022
Le mercredi 28 septembre 2022, dans le cadre de l’ASIEM, à Paris, le Président du Secours de France, Jean-Marie Schmitz, a remis le Prix Clara Lanzi au Major
Abdelkader Kenane, un de ces modestes héros qui, sur leur terre d’Algérie, ont servi la France, “avec honneur et fidélité.”
C ’est à 17 ans, en 1955, que le jeune Kenane intègre une compagnie du 20 ème Bataillon de Chasseurs Portés, stationnée à El Bordj, sa ville natale, près de Mascara. Il y servira comme chef de groupe.
Il s’y distingue notamment le 13 mai 1958, date historique, en débusquant des rebelles dans une cache. Il y obtiendra sa première citation. Il s’en fera une spécialité, parvenant, à plusieurs reprises, au cours d’accrochages, à capturer, malgré leur résistance initiale, des “H.L.L.” dissimulés dans des caches.
Il rejoindra le 19 ème Bataillon de Chasseurs Portés en novembre 1959 et sera affecté au bureau renseignement à Bou-Hanifa. Promu sous-officier, il facilitera la capture d’un chef rebelle, ce qui lui vaudra une nouvelle citation. Il participera à de multiples
actions de feu et sera grièvement blessé dans un attentat, le 26 décembre 1961. Il lui sera décerné la Croix de la valeur militaire avec palme, ainsi que la Médaille Militaire. Au total, six citations auront couronné son engagement et son professionnalisme, au
cours de ces six années d’opérations.
Menacé de mort, comme tous ses camarades Harkis, après les accords d’Évian, il sera exfiltré par les officiers de son bataillon et affecté en Allemagne, au 24 ème Groupe de Chasseurs à Tübingen. Après avoir gravi tous les échelons de sous-officier, il sera
promu au grade d’adjudant-chef en 1971.
Après plusieurs mutations, en Allemagne et en France, il finira sa carrière militaire en 1994, à 56 ans, dans le corps des Majors, après avoir défilé, comme porte-drapeau, sur les Champs-Elysées, à la tête du 151 ème Régiment d’Infanterie.
Officier de la Légion d’Honneur depuis 1992, il recevra les insignes de Commandeur dans l’Ordre national du mérite en 2005.
Du djebel, aux Marathons…
Par ailleurs, durant toutes ces années, il aura réussi à concilier son engagement de soldat avec sa passion pour la course à pied et pour la course d’orientation : on le verra sur Paris-Dakar, en 1985, dans le Marathon des sables, en 1987, ceux de New-York, de
Chicago, de Boston, sur la Muraille de Chine, sur Paris-Moscou, dans la traversée de l’Amérique Latine… et toujours présent à l’arrivée.
Il remportera, en outre, 15 titres de champion de France militaire de course à pied et autant de titres pour le championnat militaire de course d’orientation.
Retraité, il ne délaisse pas le monde combattant : membre de la commission de solidarité de l’ONAC, il participe à de nombreuses associations, telles que le
Souvenir Français, et Maginot ; il préside l’Association des Harkis, Supplétifs
et Rapatriés de la Meuse, à l’origine de l’érection de la stèle en hommage aux Har-
kis, à la nécropole du Faubourg-Pavé, à Verdun.
Sur les quatre enfants que lui a donnés son épouse, Christine, trois ont embrassé la carrière militaire : Andréa, pilote d’hélicoptère de combat dans l’ALAT durant 15 ans, André, également major, titulaire de la Médaille Militaire et qui aura servi, notamment, au 13 ème Régiment de Dragons Parachutistes et Nadia, médecin-colonel du Service de Santé des Armées.
Noura, quant à elle, fera sa carrière dans une grande entreprise en Allemagne.