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Notre industrie de l’armement redémarre sa production…

Guerre en Ukraine : A Limoges, pic d’activité chez Arquus pour sortir « quatre porteurs de canon Caesar par mois »

DEFENSE L’industriel redémarre ce lundi la production des véhicules porteurs de canon Caesar, qui viendront remplacer ceux livrés à l’Ukraine, et prépare aussi les véhicules de demain pour l’Armée de Terre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mickaël Bosredon

Publié le 19/03/23 à 09h02

Limoges : Arquus relance sa production de Caesar et prépare le véhicule militaire du futur — 20 Minutes

  • Arquus démarre ce lundi la production de toute la partie mobilité, châssis, moteur et cabine blindée de l’ensemble Caesar, pour l’industriel Nexter.
  • Il s’agit d’une commande pour rééquiper l’Armée de Terre, après la livraison de trente de ces canons à l’Ukraine.
  • Arquus participe également avec Nexter et Thales au programme Scorpion de modernisation des véhicules de l’Armée de Terre, et planche sur le véhicule du futur, le Scarabée.

Chez Arquus à Limoges (Haute-Vienne), la ligne de production est encore vide, mais fin prête à accueillir, dès lundi, la fabrication des véhicules porteurs de canons Caesar. Après l’annonce de la livraison par la France de douze nouveaux canons Caesar à l’Ukraine, qui viennent s’ajouter aux dix-huit obusiers déjà livrés depuis le début du conflit, la Direction générale de l’armement (DGA) a passé commande à Nexter de deux fois dix-huit nouveaux modèles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un camion équipé d’un système d’artillerie Caesar – Arquus

Cette production va permettre de remplacer les 30 canons Caesar cédés à l’Ukraine par la France d’ici mars 2024 dans les stocks de l’armée de Terre française, a annoncé mercredi le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu. « On était sur un délai de quarante-quatre mois pour produire un canon Caesar, ils vont tomber à dix-huit », s’est-il félicité.

Acronyme de « camion équipé d’un système d’artillerie », Caesar est autant un camion qu’un canon. La mobilité, justement, c’est le credo d’Arquus, spécialiste français du véhicule blindé à roues. Ce sont eux qui ont conçu le fameux VAB, véhicule de l’avant blindé, entré en service en 1976 dans l’armée de Terre, et qui reste encore le véhicule le plus répandu dans les troupes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des VAB (véhicules de l’avant blindé) sur le site d’Arquus à Limoges. – Mickaël Bosredon

Le site de Limoges (Haute-Vienne) de l’industriel français (entité d’AB Volvo) fabrique ainsi toute la partie mobilité, châssis, moteur et cabine blindée de l’ensemble Caesar. « Précisément, nous répondons à une commande de Nexter pour le remplacement de ces Caesar au profit de l’armée de Terre » explique Sophie Rol, directrice de l’usine de Limoges.

Des évolutions dans un contexte international instable

Même si l’usine va connaître un pic d’activité durant quelques mois avec cette commande, elle est encore très loin d’un mode « économie de guerre ». « Sur cette ligne de production, sur laquelle on assemble les véhicules de silhouette camions, nous pouvons monter jusqu’à deux véhicules par jour, mais pour le moment nous sortirons quatre porteurs Caesar par mois », poursuit Sophie Rol. Une deuxième ligne de production identique permet de produire des VLRA, des Bastions, des Sherpas, etc.

Arquus se prépare toutefois à des évolutions, dans un contexte international instable, « c’est pourquoi nous avons transformé notre usine pour avoir des capacités de production flexibles, et pouvoir répondre à n’importe quel besoin, à n’importe quel moment enchaîne Christophe Bouny, responsable méthodes et industrialisation du site de Limoges. Nous avons par exemple réalisé un investissement important, près de 9 millions d’euros, pour la création d’une plateforme logistique collée au bâtiment de production et ainsi améliorer nos flux, optimiser notre production, et atteindre des cadences jusqu’à cinq véhicules par jour. » Chaque site d’Arquus s’est par ailleurs spécialisé, celui de Limoges étant devenu désormais le Centre d’excellence de production de véhicules neufs.

Un processus de transformation des véhicules

Arquus, et notamment son site de Limoges, est, depuis quatre ans, au cœur d’un processus de transformation des véhicules de l’armée de Terre. Bien qu’encore apte au service, le VAB, qui continue d’être rénové et entretenu, va être progressivement remplacé par le Griffon, un véhicule de transport de troupes plus moderne, dont 500 exemplaires sont déjà sortis d’usine, pour un objectif de 1.872 unités. Marin Tollet, le responsable communication d’Arquus, souligne que le Griffon pèse 24,5 tonnes, quand le VAB n’en faisait que 13 à ses débuts, « une prise de masse qui s’explique par les besoins de renforcer et la mobilité avec une architecture 6×6, et la protection du soldat, et par la complexification des systèmes embarqués ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Griffon, équipé d’un tourelleau téléopéré. – Nicolas Broquedis

Ce véhicule Griffon est une des pièces d’un programme beaucoup plus vaste, qui s’appelle Scorpion. « C’est un programme de l’armée de Terre, auquel nous contribuons sur le volet véhicules en partenariat avec Nexter et Thales, poursuit Marin Tollet. En plus du véhicule Griffon, il comprend notamment le véhicule Jaguar – un EBRC [Engin blindé de Reconnaissance et de Combat] censé remplacer notamment l’AMX10 RC – et une nouvelle génération de tourelleaux téléopérés Hornet, qui permettent de nouvelles capacités en matière d’observation du champ de bataille et de combat sous blindage. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Jaguar, un Engin blindé de reconnaissance et de combat, est censé remplacer, entre autres, l’AMX10. – Nexter

Connectivité, hybridation, et automatisation, sont les trois leviers qui constituent les nouveaux véhicules de l’armée de Terre, sur lesquels planchent Arquus et ses partenaires.

Le prototype Scarabée « préfigure les véhicules légers de demain »

Arquus a ainsi tout récemment présenté son prototype Scarabée, le « premier véhicule militaire hybride au monde, qui préfigure les véhicules légers de demain. C’est une thématique sur laquelle Arquus est aujourd’hui en pointe en France ». Pour ce véhicule de reconnaissance, « l’hybride permet une vraie discrétion sur les derniers kilomètres, à l’approche et au contact de l’ennemi » explique Marin Tollet. Le groupement Arquus Nexter Thales travaille aussi au développement d’un Griffon hybride, à horizon 2025. Pour ce type de véhicule plus lourd, qui peut embarquer des écrans de contrôle, des systèmes de communication, des caméras périmétriques, des brouilleurs, un tourelleau, l’hybride permettra d’alimenter tous ces systèmes modernes permettant d’aller au combat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Scarabée ambitionne de devenir le “premier véhicule militaire hybride au monde” – Arquus

Enfin, sur un véhicule plus lourd comme un char, dont le moteur tourne à 80 % à l’arrêt et consomme donc beaucoup de carburant au ralenti, l’hybride permettrait de tenir plus longtemps au combat. « Il y a donc un intérêt à développer l’hybride pour tout le spectre des véhicules, même si c’est autant pour des questions d’autonomie de combat que de consommation de carburant. L’hybride demain, c’est aussi le partage d’énergie en opérations extérieures, entre véhicules et sur les bases opérationnelles avancées, avec une grande résilience et une empreinte logistique réduite. »

Connectivité entre véhicules

A terme, le programme Scorpion permettra aussi de la connectivité entre les véhicules. « Sur le tourelleau téléopéré Hornet du Griffon par exemple, est installée une couronne indépendante orientable, permettant de tirer des pots fumigènes à 360° pour se camoufler de la vue et des tirs de l’adversaire. Demain, le tourelleau sera connecté par le réseau Scorpion à l’ensemble des autres véhicules du groupe de combat, et pourra tirer automatiquement ou manuellement pour se protéger ou protéger un autre véhicule moins bien placé. On rentre donc dans une bulle d’autoprotection où tout le monde protège tout le monde. »

Les industriels travaillent enfin à l’intégration de petits drones. « On ne fait pas de drones, mais il va nous falloir prévoir leurs bases d’accueil pour les recharger, car le drone sera essentiel au combat de demain. On travaille également à la protection des véhicules et des fantassins face à ces nouvelles menaces ». Le combat de demain s’annonce ainsi moins une bataille d’infanterie au corps à corps, qu’une lutte pour l’information… le C4ISR, dans le jargon.

Les raisons qui font de l’Inde le premier pays importateur d’armes au monde

Publié le : 19/03/2023 – 13:06

Le système de missiles Akash de l’armée indienne, présenté lors de la répétition de la fête du Jour de la république, le 23 janvier 2023 à New Delhi. AFP – MONEY SHARMA

New Delhi a passé, jeudi 16 mars, une commande d’équipements militaires pour un montant de 8 milliards d’euros. Des missiles, des hélicoptères, des canons et systèmes de défense électroniques… Décryptage de la stratégie militaire de l’Inde.

de notre correspondant à Bangalore,

Lundi 13 mars, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) a publié son rapport annuel sur l’armement. Alors que l’Inde a passé dans la semaine une commande colossale d’équipements militaires, on a appris dans le rapport du Sipri que le pays est le premier importateur mondial d’armes.

Le « Make in India » à la traîne

L’Inde fait face à deux impératifs contradictoires. D’un côté, augmenter ses capacités militaires rapidement face à menace de la Chine à ses frontières et dans la zone indo-Pacifique et face au Pakistan. De l’autre, parvenir à produire des armes sur son sol plutôt que de les importer, dans le cadre du grand programme d’« Inde autosuffisante » brandi par le Premier Ministre, Narendra Modi. Mais force est de constater que le « Make in India » ne parvient pas vraiment à progresser dans le domaine militaire.

Siemon Wezeman de l’Institut de Stockholm, explique : « Depuis la fin de la Guerre froide, l’Inde est en tête des importations d’armes dans le monde. Elle n’arrive pas à faire face aux problèmes techniques de la production sur son sol. L’industrie publique de l’armement est lente et bureaucratique. Le missile BrahMos, commandé récemment, est par exemple développé en Russie. En fait, comme l’Inde est trop lente à concevoir ses technologies, les armes sont parfois fabriquées sur son sol mais la plupart du temps sous licence étrangères. »

Au cours de la période 2018-22, l’Inde a représenté 11% de toutes les importations d’armes du monde, devant l’Arabie saoudite (9,6%).La Russie, premier partenaire

La Russie, depuis l’ère de l’Union soviétique, est un très important allié et fournisseur militaire pour New Delhi. La guerre en Ukraine n’est pas sans conséquence pour l’Inde pour son approvisionnement en armes et son positionnement géopolitique : l’Inde fait face à des retards de livraisons depuis que la Russie est engagée dans la guerre ; mais d’un autre côté, elle veut aussi profiter de la nouvelle donne géopolitique pour nouer de nouvelles relations commerciales avec Moscou.

De nouvelles relations commerciales pour un pétrole pas cher bien sûr, mais cela va plus loin. Le ministre des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a assuré à la Russie qu’il allait permettre de contourner les sanctions et payer en roupies-roubles.

Siemon Wezeman juge qu’un changement profond prendra du temps. « Il est trop tôt pour savoir si la guerre va réduire la dépendance de l’Inde à la Russie, poursuit-il. Quand les États-Unis demandent de ne pas acheter aux Russes, l’Inde répond que ça ne se décrète pas. Une large partie de son armement est russe et dépend de pièces de rechange spécifiques. Ce qui est clair, c’est que l’Inde cherche à diversifier ses importations. Et la France est désormais son deuxième fournisseur. »

Selon le rapport du Sipri, la Russie compte pour 45% des achats militaires de l’Inde, suivie par la France avec 29% et les États-Unis avec 11%. Des chiffres plutôt stables par rapport à l’année précédente.

Article et photos emprunté à Charles Janier.

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