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Affaire Maurice Audin : Une erreur, une faute

Donner des prébendes au Parti Communiste Français en honorant un homme qui luttait contre sa Patrie, ce que l’on nomme un traitre, soixante ans après les faits, est-ce une stratégie, est-ce une faute ?

Je pense, quant à moi, que c’est une faute grave, ne serait-ce parce que cela ravive les ressentiments de ceux qui sont exclus de la compassion de la république et que cela exacerbe les divisions, au lieu qu’un Président, digne de cette fonction, a le devoir de rassembler la Nation. Mais, il y a belle lurette que l’arithmétique démocratique encourage tout “candidat” à faire les yeux doux à ceux qui peuvent lui permettre d’être élu ou réélu en grignotant quelques voix par-ci et quelques voix par-là pour franchir les fatidiques 50%.

Mais il me semble qu’en l’occurrence, le calcul est mauvais, car se mettre à dos, les Pieds-Noirs, la communauté Harki et la famille des militaires, ouvre une fracture important au sein des électeurs et comporte un très gros risque.

Et ce n’est pas en distribuant quelques décorations, légion d’honneur et Ordre National du Mérite, sans pension, à nos amis harkis que cela va changer le sentiment de mépris général.

Notre ami Jose Castano nous transmet la lettre que Simone Gautier a écrite au Président de la République suite à “l’affaire Audin”.
Ce courrier empreint de dignité et de mesure est tout à fait exemplaire :

Objet : Affaire AUDIN / Affaire 26 mars 1962

Monsieur le président de la République,

Dans « l’affaire AUDIN », comme disent les journalistes, le corps du « disparu »,  n’a pas été retrouvé. Mais ce n’est pas un inconnu…

Dans « l’affaire du 26 mars 1962 », les corps sont retrouvés, massacrés, mélangés certes, les chairs éclatées, jetés en vrac à la morgue de l’hôpital Mustapha, mais « ils » sont là.

Dès leur arrivée, ils furent dénudés et rendus bien propres, bien lavés de tout ce sang, bien rangés les uns sur les autres, sur les tables et même parterre, bien alignés… les familles cherchant le sien, tirant par les pieds quand il en restait, hurlant en découvrant le visage fracassé… C’est vrai qu’au début on pataugeait dans le sang.  Et tout ce sang sur soi reste indélébile…

Par rapport à la disparition d’AUDIN, il est vrai : quelle « chance » pour les familles ! Ces corps étaient là, pas entiers, certes, mais bien là ! Les ambulances, déjà sur place, avaient fait du bon travail. Du « bonheur » en somme malgré nos pleurs et nos cris !…

Et l’Etat français, sans doute par compassion devant cette douleur, jeta à la rue, en pleine nuit, hors de l’hôpital, abandonnant leur mort, ces familles, dont je faisais partie. Quel mépris ! Quelle honte !…

Alors que chacun était si « heureux » d’avoir récupéré « son mort » et de finir la nuit près de lui, les corps furent aussitôt mis en bière, dans la pesanteur angoissante du « couvre-feu » et dans une interdiction absolue de toute présence familiale. C’était –paraît-il- afin « de nous épargner cette douleur »… par charité chrétienne sans doute !…

Ces cercueils plombés furent dispersés en catimini dans les différents cimetières de la ville et les familles, désemparées, couraient dans tous les sens pour retrouver « son mort », esseulé, séquestré dans une boîte posée là, au milieu de nulle part… Il y avait un nom sur une étiquette : c’était « à prendre ou à laisser ! »… Personne ne savait si la dépouille qui se trouvait dans cette boîte au fond d’un trou hâtivement creusé de nuit, était bien « son mort »…

Dans la tragédie du 26 mars 1962, on a fait disparaître les morts !

Depuis lors, le temps a passé mais la blessure demeure… « L’affaire du 26 mars » (comme l’appellent les médias) demeure enfouie sous une chape de plomb. C’est le grand silence de l’Etat complice… Le déni de justice qui, depuis 56 ans, recouvre la France d’une honte indélébile…

Cette « affaire » serait-elle d’une toute autre dimension que l’affaire AUDIN ?… Les 80 morts de la rue d’Isly auraient-ils moins d’intérêt à vos yeux que celui d’un traitre à sa Patrie ?

« L’affaire AUDIN » aura, néanmoins, suscité ma quête de la Vérité… Je  voudrai savoir, enfin, qui se trouve dans cette boîte devant laquelle je m’agenouille…

Un 26 mars 1962, mon mari, ancien officier du Commando de Marine Trepel est tombé sous des balles françaises. Il n’avait que 28 ans. Je n’ai guère eu le temps de lui dire « adieu »…Je n’ai pu lui crier mon amour… lui dire qu’il vivra éternellement dans mon cœur meurtri… lui donner mon dernier baiser… Cela vous parle-t-il Monsieur Macron ?

Alors je veux savoir avant que mes yeux ne se ferment, sur la tombe de qui, chaque année, je dépose mes fleurs en étouffant mes pleurs et mes cris…A cette fin, je sollicite qu’une autorisation me soit accordée afin de réaliser une recherche A.D.N.

En vous remerciant pour votre aimable obligeance, je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République, mes respectueuses salutations.

Simone Gautier
14 Avenue de France
06400 Cannes
04 93 43 28 97
simone.gautier@yahoo.fr
www.alger26mars1962.fr

 

Autre courrier concernant cette affaire, du général Bruno Dary, frère de notre administarateur François Dary, ancien gouverneur de Paris, ancien commandant de la Légion étrangère et actuel Président du Comité National d’Entente qui représente plus de 40 associations patriotiques, d’anciens combattants et de victimes de guerre, soit environ 1.500.000 personnes à lire ci-après :

COMITE NATIONAL D’ENTENTE
des associations patriotiques et du monde combattant

Le Président    Paris, le jeudi 20 septembre 2018

 

Monsieur Emmanuel MACRON
Président de la République Française,
Palais de l’Elysée – Rue Saint-Honoré

75008 –  PARIS

 

Le Comité National d’Entente (CNE), que je préside et qui représente plus de 40 associations patriotiques, d’anciens combattants et de victimes de guerre, soit environ 1.500.000 personnes, a suivi l’hommage que vous avez tenu à rendre personnellement à Madame Josette Audin et indirectement à son mari, Maurice. Ce rappel historique, plus de 60 ans après la mort tragique de Maurice AUDIN, a surpris bon nombre de membres de nos associations, qu’ils soient, ou non, des anciens de la Guerre d’Algérie ! Et une fois passé le moment d’étonnement pour les uns, voire de colère pour d’autres, et sans occulter la réalité des faits, je dois vous avouer que le déplacement du Chef des Armées a soulevé plus d’interrogations qu’il n’a apporté d’apaisements !

Faut-il que le Président de tous les Français parle de la Guerre d’Algérie, à travers un cas particulier, alors que les plaies ne sont pas encore refermées au sein de la communauté française ?

Parmi tous les métiers que le pouvoir politique a fait faire à l’armée française pendant 7 années, faut-il ne retenir que le plus sombre d’entre eux ?

Faut-il faire de Maurice Audin un héros national, oubliant ainsi qu’il trahissait sa patrie et l’armée française ?

Faut-il occulter que la bataille d’Alger, même si elle eut des heures sombres, a éradiqué le terrorisme qui frappait quotidiennement la population algéroise, permettant ainsi de sauver la vie de centaines d’innocents ?

Et s’il faut reconnaître la honte laissée par la torture de Maurice Audin, faut-il oublier de notre mémoire les centaines de Français kidnappés, torturés et assassinés et jamais retrouvés ?

S’il faut reconnaître les blessures de la France dans ce conflit, faut-il n’évoquer que la torture et passer sous silence le désarmement de milliers de Harkis, leur abandon sur ordre du gouvernement et leur massacre ?

Faut-il revenir sans cesse sur la Guerre d’Algérie, qui reste encore une blessure vive, dans la mémoire de l’Armée française, avec ses quelque 20.000 soldats morts pour une cause morte, cette guerre perdue malgré une bataille gagnée, ses harkis trahis en dépit des promesses faites et le drame causé par le putsch ?

Faut-il entreprendre un travail historique uniquement sur les disparus de la guerre d’Algérie, oubliant ainsi l’action humaine, sociale, sanitaire, éducative de pacification de la France dans ce pays ?

Faut-il rappeler la dimension tragique de la discipline en opérations, car tout ordre débute toujours par des mots, quelques lignes ou un geste, mais se traduit pour son exécutant par un acte qui l’engage, voire jusqu’à sa mort ?

Le Général d’armée (2s) Bruno DARY
Président du Commission National d’Entente

 

Copie du courrier adressée à :

Madame Florence PARLY, Ministre des Armées,

Madame Geneviève DARRIEUSSEQ, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées

Général d’armée (2s) Benoît PUGA, Grand Chancelier de la Légion d’Honneur

Général d’armée François LECOINTRE, Chef d’état-major des armées

Général d’armée Jean-Pierre BOSSER, Chef d’état-major de l’armée de terre

Amiral Christophe PRAZUC, Chef d’état-major de la marine

Général d’armée aérienne André Lanata , Chef d’état-major de l’armée de l’air

Général d’armée Richard Lizurey,  Directeur général de la Gendarmerie national

Amiral Bertrand ROGEL, Chef d’état-major particulier de la Présidence de la République

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